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Le courrier de Gab: drogue, adolescence et autres questions existentielles
 
Salut Gab, 

J’ai 16 ans, je suis en secondaire 5 et ça va bien. En fait, ma vie sociale est extra et je m’amuse beaucoup! On pourrait même dire que je suis assez «populaire». Je te dis pas ça pour me vanter, mais disons que mon image m’importe, et ça me pose problème. Ma gang a décidé d’organiser le trip de notre vie durant la semaine de relâche. Elles ont dit qu’on devrait aller passer la semaine dans le chalet de mes parents à Tremblant pour y faire un gros binge de E et d’amphé. Selon elles, c’est important qu’on vive ça avant l’entrée dans la vie adulte. Moi, ça me met mal à l’aise, je ne sais pas si je suis prête à ça. 

Je ne sais pas quoi faire! Je ne voudrais pas perdre mes amies mais j’ai peur!

Mélangée.

 


Oh, ouache, avoir seize ans.  

En débutant, une toute petite chose; n’écoute jamais les vieux losers qui te disent que ce sont les plus belles années de ta vie. C’est pas vrai! Avoir seize ans, c’est terrible. C’est juste l’heure de gloire des gens qui ont cessé d’évoluer depuis et crois-moi, ça fait pas des adultes ben ben forts.

Ceci étant dit; je comprends ton malaise. Je peux te confirmer par expérience qu’en effet, une semaine complète dans un chalet éloigné plein d’ados gelés grave sur la E, ça risque de mal se terminer. Je trouve ça un peu jeune, moi, pour faire de la pilule. J’en étais pas tout à fait rendue là à seize ans, me semble. Mais bon, je viens des régions, je dois être retardée. J’avais d’autre choses à vivre avant d’entrer dans la vie adulte, mais ça ressemblait plus à regarder mes totons croître avec fascination.

Loin de moi l’idée de t’infantiliser ou de te servir un discours moralisateur sur la drogue; c’est la job de ta mère et franchement, je n’ai pas de leçons à donner. Une seule chose importe ici; si ça te tente pas, fais-le pas. That’s it. L’avis de ta best, appelons-là Frédérique-Johannie Breault-Viger-Bergeron-Blais, on s’en crisse. Trop souvent, la fille cool qui cherche à tout prix le buzz extrême et fait de la coke avant tout le monde, tu la recroises dix ans plus tard au Saphir au bras d’un vieux goth laid qui cale et des jeans qui tiennent pas bien sur sa bedaine awkward de fille maigre et son cul flasque. Pis des cheveux vraiment nasty. Genre gold-de-bleach raté avec un toupet choppy vraiment trop court pis les sourcils sur-épilés.

Ça risque de bien commencer, tsé, manger des hots dogs en pyjama, gossiper, prendre des auto-portraits merdeux qui vont finir sur Facebook. Mais ça va dégénérer. Envisageons le worst case scenario; drama, chicanes, vomi de Goldschlager, larmes, backstabbing, unprotected awkward sex avec un gars qui s’appelle Dave, qui bave partout sur tes joues et qui va venir avant d’avoir ôté ses pants, pour ensuite se vanter à ses amis qu’osti qu’il t’a donné la ride de ta vie, man! *high-five*.

Pour en revenir à la drogue, je sais pas si tu as déjà vu quelqu’un qui est sur un binge de sept jours, mais c’est pas beau à voir. De jolis jeunes gens au printemps de votre vie, vous allez passer à vieilles ho washées avec des cernes vertes et la mâchoire qui déboite. Sans parler des treize mille cellules en moins. God knows si tu vas encore pouvoir prononcer tes R en revenant de là-bas.

En gros, si t’en as pas envie, fuck it. Au pire, invente une excuse, une matante en visite, un cirage de planchers, whatever. Si ta gang veut vraiment y aller, ils peuvent toujours se trouver un autre chalet. Si ils cessent vraiment de t’aimer après ça, ils sucent. Ça t’évitera, rendue au Cégep, de devoir inventer des raisons lame pour ne plus les voir parce que t’as trouvé de meilleurs amis. Parce que si tout se passe comme prévu, ta popularité du secondaire, dans quelques mois, elle ne vaudra plus rien.

Et fais-moi confiance; c’est vraiment une bonne chose. 


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