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Yoani Sánchez: l’auteure rebelle de la Generación Y fait paraître Cuba Libre
Avis à tous les Québécois friands de forfaits tout inclus à Cayo Coco et Varadero: j’ai un livre à vous mettre entre les mains la prochaine fois que vous vous faites griller l’épiderme sous le soleil plombant des Caraïbes. Car pour découvrir le vrai Cuba – celui faisant l’objet de graves critiques de blogueurs nés dans les années 70 et 80 – il faut s’aventurer hors des resorts et aller à la rencontre de gens comme Yoani Sánchez.

Depuis avril 2007, cette jeune auteure du blogue Generación Y relate son quotidien tout en exprimant les frustrations de jeunes Cubains confrontés à une utopie qui leur a été imposée et qu’ils ne veulent surtout pas léguer à leurs enfants. Le magazine Time a d’ailleurs choisi Sánchez parmi ses 100 personnalités les plus influentes de la planète en 2008, et Barack Obama a salué ses efforts pour mettre en lumière la réalité cubaine.

Un recueil de ses textes a été publié en Italie, puis au Chili et en Argentine, mais c’est le traducteur montréalais d’origine cubaine Victor Mozo qui s’est chargé de la première traduction francophone. Mozo nous parle de la difficulté d’être blogueuse politique dans un pays où l’accès à internet est si limité, voire surveillé.

 

Comment s’est déroulée votre collaboration avec Yoani? L’avez-vous rencontrée?
Non, je lui ai seulement parlé au téléphone, et déjà, ce n’était pas un cadeau. Parce que l’histoire, comme elle le décrit si bien dans son livre, c’est qu’il y a un point commun entre tous les Cubains: la méfiance.

Il faut se rendre compte du courage dont Yoani fait preuve. À quel point est-ce dangereux de s’exprimer de la sorte?
Pour moins que cela, des gens qui avaient décrit le quotidien d’une façon peut-être un peu plus crue et politique ont été condamnés à 10, 15, 20 ans de prison. Quand on la lit, Yoani nous dit que le seul et unique coupable, c’est le gouvernement, mais elle le dit d’une façon subtile. 

Serait-ce légitime de comparer le contrôle de l’information à Cuba à la répression du gouvernement chinois?
C’est exactement la même chose. La seule différence avec la Chine, c’est qu’elle s’est ouverte économiquement. Elle a permis que les gens investissent, que les gens de l’extérieur retournent au pays. Je me dis que le contrôle à Cuba, c’est pire, surtout quand je pense à des gens qui n’avaient jamais pris une arme ou contesté agressivement et qui ont été mis en prison. Le gouvernement argumentera toujours la défense de la nation.

Avec tous ses prix et l’engouement qu’elle suscite à l’étranger, est-ce possible que le gouvernement cubain adopte éventuellement une position moins contraignante à son égard?
Je ne crois pas; les dirigeants politiques cubains sont très intransigeants. Je pense même que l’effet d’avoir publié le livre ici à Montréal, c’est une petite épine dans le pied du gouvernement. Il a vu que le livre se vend bien et obtient une certaine publicité. Mais comme le dit souvent Yoani, il y a des millions de personnes qui la protègent indirectement parce qu’elle est connue dans le monde entier – plus qu’à Cuba, d’ailleurs. Pour elle, ça devient une sorte de bouclier. Parce que pour la même chose il y a sept ans, elle serait en prison à l’heure actuelle…
 

Cuba Libre, Vivre et écrire à La Havane, de Yoani Sánchez
Éditions Michel Brûlé | michelbrule.com

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