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Jephté Bastien: le réalisateur dépeint un Montréal rarement vu au grand écran dans Sortie 67

Travaillant de Montréal à Miami, Jephté Bastien a commencé ses études en montage au Collège LaSalle pour ensuite faire un saut en théâtre à l’Academy of Acting de New York. Il réalise plusieurs vidéoclips et courts métrages. Son premier film, Sortie 67, prend l’affiche ce 5 novembre. Il donne à voir, dans Sortie 67, un Montréal trop peu représenté sur grand écran. L’histoire se déroule dans le quartier St-Michel, la communauté haïtienne étant séparée par deux gangs de rue: les rouges (ou «Bloods») vs les bleus (les «Crips»). On suit le parcours de Jecko (Henri Pardo) de son enfance à son ascension dans les gangs de rue. Rien n’est facile dans ce milieu sans pitié où «l’on est la somme de ses choix». Dernière entrevue d’une dure journée de presse, je m’assieds devant Jephté, qui mange quelques morceaux de cantaloup et de melon d’eau pour reprendre ses forces.

Que veux-tu montrer aux spectateurs avec ce film?
Je veux montrer le revers de la médaille, le côté humain de ces groupes qu’on a abêtis, acculés. Aussi, raconter une histoire qui démontre que les valeurs qu’on a inculquées à nos enfants les ont amenés dans ce monde. Et de là, je voulais susciter un dialogue pour que l’on puisse observer notre société telle qu’elle est et constater notre responsabilité face à ces jeunes qu’on accuse.

Pour traiter du sujet, quelle a été ton approche?
J’ai fait de la recherche. Je voulais être authentique dans mon approche, alors c’est pour ça que je n’ai pas raconté une histoire sans vraiment sonder mes écritures, où sont nés les personnages faisant partie de mon film. Je me suis vraiment penché sur le niveau de langage, composé du français, de l’anglais et du créole. Mettre des mots dans la bouche de mes personnages pour que ceux-ci résonnent auprès de vrais gens.

Avec l’esthétisme général du film qui se rapproche du vidéoclip, une trame sonore omniprésente, un montage rythmé, des effets appuyés, on se détache un peu de la forme plus conventionnelle du cinéma. Pourquoi adopter une telle facture cinématographique?
Il faut aussi penser qu’un film, c’est du divertissement, et si on est chanceux, on peut passer un message. Les couleurs ont été choisies. On joue dans les teintes de rouge et de bleu. Chaque scène a une raison d’être dans le film, alors il faut savoir ce que l’on veut faire ressortir de cette scène, comment on va la tourner, son cachet visuel, pourquoi on l’envisage de cette façon. De plus, je savais que ça allait être un public assez jeune et il faut leur donner ce qu’ils aiment voir au niveau visuel pour que le message puisse passer.

Comment ton casting d’acteurs s’est-il construit?
Tous ces acteurs ont étudié en art dramatique. C’est pas parce qu’on ne les connaît pas, qu’ils ne sont pas des pros. C’est ça le défi à relever ici, c’est parce qu’on a tous notre vision des choses et la façon dont on aimerait que les choses se fassent, c’est jamais comme on le veut que ça se passe. Cela a pris quatre mois ou presque pour mettre cette distribution sur pied, parce qu’il y a une pénurie d’acteurs noirs au Québec. Ils s’en vont plutôt vers l’Ouest ou les États-Unis pour réaliser leurs rêves. Ça m’a pris du temps avant de les trouver.

Des projets futurs?
On va voir comment le premier va être reçu, si par exemple il y a une réaction favorable avec ce projet-là. Dans ce cas, ça me donnera une bonne idée de ce que sera mon deuxième projet, même si j’ai déjà annoncé mon deuxième projet dans le premier…

Et tu prends souvent la 67?
(rires) Quand j’étais plus jeune, oui, parce que je me rendais à un groupe de théâtre sur la rue Louvain à St-Michel. C’est à cet endroit où j’ai été initié au théâtre, que j’ai eu le goût d’aller étudier aux États-Unis par la suite. Au final, oui, j’ai pris la 67 à plusieurs reprises…

Sortie 67
En salle le 5 novembre |
sortie67.com 

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