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Incendies: comme un coup de couteau dans la peau

Difficile d’exprimer une opinion sur le film Incendies de Denis Villeneuve. Il y a en premier lieu l’onde de choc provoquée par l’histoire qui empêche de se faire une idée si le film est bon ou mauvais. Il y a ensuite le regret de ne pas avoir vu la mise en scène théâtrale de Wajdi Mouawad afin de pouvoir effectuer la comparaison nécessaire.

L’histoire ne se raconte pas. Elle s’écrit à partir du moment où la mère meurt et entraîne ses enfants dans une révélation de la vérité noire. Une quête pour chacun de ses deux enfants mènera à la vérité. Le spectateur en sort assommé. 

Après un long moment de réflexion, le film comme objet revient en tête. Non, ce film n’est pas un grand film et le cinéma québécois a fait beaucoup mieux ces dernières années sans toujours avoir eu droit aux éloges reçues par Denis Villeneuve. Le film ne réinvente rien. La tragédie créée par Wajdi elle, demeure majeure. Le film est correct et c’est tout. La photo est très bien réalisée. Le montage est trop rythmé, mené par un désir de capter l’attention du spectateur, mais en le laissant rarement contempler une image pendant plus de 8 secondes.

La musique de Radiohead ajoute une grâce aux images par moments (avec You and whose army? et surtout durant la séquence d’ouverture, qui laisse croire que le film sera grand), mais devient un outil inutile lorsqu’employée ailleurs (c’est notamment le cas avec Like spinning plates). La transition entre les différentes couches d’espace/temps est fluide et les raccords par la ressemblance entre la mère et la fille accentuent ce destin familial tragique. Les interprètes sont à la hauteur des rôles, bien que Mélissa Désormeaux-Poulain reste parfois inégale.

Après les très peu éthiques Polytechnique et Next Floor, il restait difficile de prévoir à quoi ressemblerait Incendies. Denis Villeneuve ne tient pas son pari et réalise un film plus grand que ces précédents. Le cinéaste demeure quand même surestimé et le temps est venu de se tourner vers d’autres réalisateurs afin de voir le véritable potentiel du cinéma québécois.

Incendies

En salles maintenant | incendies-lefilm.com

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Dustin n’utilise et n’utilisera jamais le mot "cinoche".  Il voudrait qu’À tout prendre soit reconnu comme le chef d’oeuvre de Claude Jutra, et non Mon oncle Antoine. Son dernier coup de coeur? Le cinéma de Ronit Elkabetz. Son secret le mieux gardé? N’avoir jamais vu la trilogie The Godfather. Et non, il n’oserait jamais zapper durant un film des jumelles Olsen..