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Le Dirt: si j’étais Garou

Auteur: Gabrielle Lisa Collard
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Le Dirt: si j’étais Garou

Si jétais Garou, je prendrais une pastille. C’est cool d’avoir une voix rauque, mais y’a rauque pis rauque qu’on dirait que dans ton gosier y’a un hamster qui fait de l’emphysème qui court dans sa roue en se gargarisant lui-même avec du Jager. Pour pouvoir écouter une chanson, j’ai besoin de pas avoir l’impression qu’un raz-de-marée de mucus va me submerger à chaque peak de note intense. Sinon, ça me fait gerber.

Parlant de gerber, revenons à Garou. Je viens de Sherbrooke pour votre info (c’est pas ma faute) et Garou y chantait jadis dans un bar super quétaine où on allait régulièrement parce qu’on pouvait toujours y trouver des vieux monsieurs douteux pour nous acheter plein de drinks alors qu’on avait quatorze ans. C’était le genre de bar où tu rentrais à sept heures avec ta dignité et dont tu ressortais à quatre heures rouge, sweaty et pleine de cheveux gris collés tout partout, mais bourré comme un cochon.

À quatorze ans, on était prêts à à peu près n’importe quelle bassesse pour boire autre chose qu’un forty de Bull Max pour endormir notre douleur d’habiter dans un trou déprimant (que je surnomme affectueusement "le désert de la vie" euh; poésie), alors on y allait souvent et Garou y chantait du blues franchement mieux adapté à sa grosse voix bulleuse.

Les matantes se pâmaient déjà pour la simple et unique raison qu’il était sur un stage de trois pieds de haut. C’est bien connu; dès que tu fais du showbiz, le monde te trouve beau. Pas moi parce que je suis intellectuellement supérieure, mais le reste de vous-autres. Si Garou est beau, Claude Dubois est beau.

Anyway Garou. Garou nous fait souvent grâce de quotes assez drôles et c’est encore plus drôle quand tu imagines sa grosse bouche molle en train de les prononcer. Une fois, à la radio, je l’ai entendu dire de son nouvel album de covers (qui fut un flop retentissant, où l’on retrouve l’infâme et dégoulinante version de Gentleman Cambrioleur qui me fait chaque fois sentir tellement violée et sale que j’en pleure sous la douche brûlante en position fœtale), qu’il était et je cite: "Oui feutré pis oui jazzy." Précisons qu’il a dit JAZZÉ. C’est important.

Plus tard, il a dit de sa relation avec Lorie, jeune française sans talent grâce à qui existe la chanson Ma meilleure amie, osti que c’est mature comme chanson, cette quote pleine de tellement de mots qui me font hérisser les poils de bras: "Cela fait des années que je la connais. Je la trouvais super chou, mignonne, craquante. Mais par exemple, aux Enfoirés, elle était parmi les premiers couchés, et moi dans les derniers".  Je la coupe et la sort de son contexte mais hein, avouez que ça fesse.
Essaie de glisser chou-mignonne-craquante dans une conversation rien que pour le fun. C’est loin d’être aussi facile que ça en a l’air.

Bref, si j’étais Garou, je pense que j’aurais pas été aussi sell-out, et j’aurais utilisé ma voix rugissante pour faire autre chose que de la musak insipide overly-emo pour les matantes libidineuses nostalgiques de Claude Barzotti.

J’aurais jamais porté une chemise corsaire négligemment ouverte en chantant les mots "gitan", "tzigane" et "lo-la-la-laï-laï-laï" en trônant au-dessus de la 10 sur un panneau indiquant Sherbrooke derrière un effet de filtre érotique. Jamais.

Mais bon, Garou, y pogne, le monde l’aime. Ça y’est, je suis encore plus misanthrope qu’en me levant ce matin…

 

 

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