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Xavier Dolan: entrevue avec l’homme aux amours imaginaires

Amoureuse. C’est le mot choisi par Xavier Dolan à la toute fin de notre entretien pour qualifier son amie Anne Dorval. Le jeune auteur, acteur, réalisateur et producteur a hésité pendant une bonne minute avant de mettre le doigt sur le mot juste pour décrire la victime du plus célèbre matricide du cinéma québécois. Plutôt ironique quand on sait son débit habituel.

Il y a un an, le succès critique et commercial de J’ai tué ma mère prenait tout le monde par surprise. Au pays de Céline Dion, René Simard et autre Coeur de Pirate, son histoire d’enfant prodige qui rayonne à l’étranger a marqué l’imaginaire du public. Son histoire, bien sûr, mais aussi sa frange frisée, ses lunettes et son attitude de jeune branché ont fait couler beaucoup de salive depuis douze mois.
 

Un film anyways
Après avoir remporté trois prix sur la Croisette en mai 2009, Dolan promettait à la presse de lancer son deuxième film, Laurence Anyways à Cannes en 2010. C’est plutôt Les amours imaginaires qui lui a permis de revisiter le Palais des festivals cette année. Pourquoi? «Une question de financement. Je ne voulais pas attendre les subventions pour tourner mon deuxième long métrage, me confie Dolan, quelques jours avant son départ pour la France. Les amours imaginaires a été financé par des partenaires privés, et j’ai écrit le scénario après un road trip avec Niels (Schneider) et Monia (Chokri) aux États-Unis.»

Amis de Xavier, Niels et Monia sont aussi les deux acteurs qui forment avec lui le triangle amoureux de ce long métrage, qui sort en salle le 11 juin. L’intrigue en une phrase? Francis (Dolan) et Marie (Chokri) veulent Nicolas (Schneider) et il faut voir le film pour savoir qui ce dernier choisira (s’il choisit quelqu’un). Un Jules et Jim nouveau genre.

Dolan est passionné de cinéma, mais qu’en est-il de la musique? Quand je lui demande s’il aime voir des shows, il s’excuse presque. Pas le temps. Il avoue avoir beaucoup aimé le concert de Fever Ray à Pop Montréal en octobre. Il me confie d’avoir rejoint Olof Dreijer, l’acolyte de la chanteuse Karin Dreijer Andersson de Fever Ray dans le duo The Knife, pour une éventuelle collaboration. Quel culot, quand même. On espère que ça portera fruit.
 

À bas les étiquettes
En campant le rôle d’un garçon qui préfère les garçons pour la deuxième fois au grand écran, Dolan s’expose à l’étiquette de créateur gai. Cynique, il répond: «Je fais des choses gaies. Je suis gai. Puis après? C’est ridicule, on ne parle jamais de cinéma straight, black ou juif.»La question est vidée, pas d’appel possible.

Trente minutes avec Xavier Dolan suffisent pour sentir ce mélange de détermination, d’intelligence et de charme qui l’a mené, à 21 ans, où peu de gens peuvent même espérer se rendre dans leur vie. Difficile de dire, aussi, s’il est plus acteur, réalisateur ou producteur. La langue qu’il utilise, riche et spectaculaire, contraste avec sa taille de petit garçon. Mis à part son talent, la force de ses convictions et la maîtrise de ses moyens épatent à coup sûr. Si ce gars-là n’avait pas été cinéaste, il aurait probablement pu vendre un frigo à un Inuit.

 

 

Les amours imaginaires | lesamoursimaginaires.com