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Fuck Buttons: la touche

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Fuck Buttons: la touche

Sur la petite scène du Il Motore, des tables collées, recouvertes de synthés, de consoles et d’un amas plutôt bordélique d’autres gadgets branchés ensemble. Andrew Hung et Benjamin John Power, les deux parties du tandem britannique, sont postés aux extrémités est et ouest.

On se croit d’abord dans un laboratoire ou dans un atelier, plus que dans un concert, en ce 20 mai. Hung et Power restent repliés sur eux-mêmes, comme deux chercheurs concentrés sur leur ouvrage, tandis que ce son si particulier – grondant, bourdonnant, électrique – donne à chaque instant l’impression d’être en présence d’une création scientifique instable, une mécanique dangereuse. On est loin du show de laptop ou du pitonnage d’échantillonneur.

L’heure et quart qui suit a pourtant tout de la prestation soigneusement répétée, vécue et sentie, et rien de l’expérience scientifique. Hung et Power reconstruisent quelques titres de Tarot Sport, leur petit dernier, avec force altérations, variations et autres moments «jammés». Tout est fondu, un morceau dans l’autre. On reconnaît bien «Surf Solar», «The Lisbon Maru» et «Olympians». Le reste est peut-être improvisé, peut-être pas. Peu importe. Ce qui compte, ce qui frappe, c’est cette touche, ce gros grain, ce son vivant et mobile qu’on sent vibrer comme un moteur qui force.

Il n’y a pas à dire, l’alliage de Fuck Buttons ne ressemble à aucun autre. Il est froid, mais accueillant, abrasif, mais doux; qualités qui, live, sont chacune décuplées. Ainsi, quand Power empoigne les baguettes pour ajouter des percussions, ou un micro pour pousser des cris (qui resteront noyés sous les bruits et les effets), on trouve la modulation agréable, mais pas essentielle. C’est via ces machines non identifiées que Fuck Buttons prend tout son charme.

Un charme néanmoins bien piquant et lourd. Quand la musique s’arrête, quelques zélés demandent un rappel (en vain), mais la plupart se dirigent vers la sortie sans demander leur reste. Il est temps de se reposer les oreilles et le système nerveux.

 

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