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Class of 2010: Virginie, la coqueluche

Virginie Brunelle, c’est le nom qui circule dans le milieu de la danse depuis déjà bientôt 3 ans. Elle venait de terminer son bac en danse à l’UQAM depuis à peine une semaine que Dave St-Pierre la contactait afin qu’elle présente un extrait Des cuisses à l’écart du coeur avant Un peu de tendresse, bordel de merde. Dépassée, elle accepte tout de même l’invitation.

Ce qui est surprenant chez Brunelle, c’est qu’elle n’a pas l’austérité des danseuses ni le verbe élitiste de certains chorégraphes. Quand on lui parle de la Bourse David-Kilburn et de la Bourse Rideau 2009 dont elle a été la lauréate, elle est d’une humilité déconcertante. Elle est à la fois en retenue et en générosité, elle qui nous avoue être dans le jus jusqu’au cou en raison de sa prochaine création Complexe des Genres, qui sera bientôt présentée dans le cadre des Bancs d’essai à Montréal. Ensuite, elle ira aux Pays-Bas, au Danemark, en Italie et au Royaume-Uni pour présenter son avant-dernier spectacle, Foutrement.

Tout ça parce que les critiques et le public avaient été éblouis par sa pièce présentée en fin de bac. Déjà on la qualifiait d’enfant illégitime de Daniel Léveillé et de Dave St-Pierre. Ce dernier avait eu l’intention de soutenir une chorégraphe de la relève par le biais de sa tribune et elle s’est présentée sous les traits de Virginie Brunelle, une fille timide du Mont Saint-Hilaire qui est arrivée à la danse un peu sur le tard. Après des études en graphisme et des cours de service, elle part à 20 ans pour Drummondville faire un DEC en danse.

La vie urbaine de Drummondville n’est peut-être pas tumultueuse, mais lui permet toutefois de se donner corps et âme. L’expérience est à ce point concluante qu’elle décide de s’inscrire en danse à l’UQAM. Au détour de ses études, elle rencontre Daniel Léveillé, un chorégraphe et enseignant reconnu pour sa rigueur et la nudité fragile et implacable de ses danseurs. Elle est saisie par les émotions qui surviennent de la physicalité, des gestes.

Si elle avoue que Complexe des Genres n’est pas encore finalisé, elle nous promet qu’on y retrouvera sa signature; des tableaux à la fois poétiques et dérangeants traitant des relations humaines et des corps aliénés à la recherche de proximité. Tandis que Cuisses à l’écart du cœur s’attardait surtout à l’hypersexualisation, de la génération Y qui copie-colle sa vie sexuelle sur la pornographie, Foutrement se base sur l’adultère. On sent bien là l’influence de Pina Bausch, une de ses inspirations. Des saynètes très théâtrales où les mouvements s’acoquinent à la répétition des gestes du quotidien pour ensuite s’épurer, se relâcher et devenir cet objet fragile et fort de sens. Ce que Brunelle chérit, c’est de voir les corps trembler et prendre part à la partition du mouvement. Un corps qui se suspend pour ensuite s’étoffer et ainsi éveiller une rythmique, un dialogue. Parce que pour Virginie Brunelle, la danse est un lieu de discussion sans parole qu’elle aime salir à coup de vulnérabilité et d’audace.

Complexe des genres | Du 14 au 16 mai
Tangente | 840, Cherrier
virginiebrunelle.com

 

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