Aller au contenu
Tuyaux-concerts: Caribou, Man Man et Mary Anne Hobbs

Souvent, la réalité n’est pas à la hauteur des rêves. Prenez le concept de la «power nap», par exemple. Le mot laisse espérer une pause revigorante, énergisante, qui nous rend plus fort encore qu’après une bonne nuit de sommeil! Mais si vous êtes comme moi, tout ce qu’une sieste de mi-journée peut accomplir, c’est vous rendre encore plus confus, étourdi et mou.

Parmi les autres concepts trompeurs que j’aurais pu utiliser pour subtilement introduire cette chronique, j’aurais aussi pu prendre: Them Crooked Vultures, le pop-corn extrabeurre pour micro-ondes et Tout le monde en parle.

Tout ça pour dire que la carrière musicale de Dan Snaith, alias Caribou, m’a toujours fait un effet semblable. Bon, Up in Flames, The Milk of Human Kindness et Andorra (pour lequel il a remporté le prix Polaris, en 2008) sont tous des bons disques, mais de ses mélanges de musiques électroniques, psychédéliques, jazz et pop, j’ai toujours attendu plus. Un peu comme les Flaming Lips jusqu’à ce qu’ils fassent The Soft Bulletin. Mais voilà: Caribou vient peut-être de signer son Soft Bulletin avec Swim, son cinquième album tout neuf. En l’entendant, j’ai enfin trouvé ce que j’espérais de Caribou. La réalité égale le rêve. C’est le moment de prendre tout ça en pleine face: le monsieur nous joue ça avec son groupe ce mercredi 5 mai à La Tulipe, où Snaith et son groupe se produisent en compagnie de la mascotte du mouvement chillwave, Chaz Bundick, alias Toro y Moi. Ou comme dirait Jacques Dutronc: Toro y Moi, y Moi, y Moi.

Jeudi le 6 mai, un gros groupe rentre dans un tout petit endroit pour un concert semi-privé. Le groupe est The Vulgaires Machins, le petit endroit est L’Abreuvoir et le moyen de faire partie des chanceux qui pourront y assister est d’écouter CISM (89,3FM), puisqu’il y aura tirages jusqu’au jour fatidique. La station souligne ainsi la dernière édition de son émission Session Live, dans le cadre de laquelle des groupes locaux se produisent en direct sur ses ondes. Pour qui n’aura réussi à saisir un laissez-passer convoité, il reste l’option d’écouter la chose à la radio dès 19h.

Faut pas trop boire en début de soirée ni prévoir de réunion vendredi matin, puisque plus tard, on va se shaker la foufoune au 4521 St-Laurent au son de Douster, l’apôtre argentin de la bass. Il est l’invité de l’équipe de Pompes tes pipes et de leurs amis de Meilleuremusiquedumonde.com.

Des robots, des papillons et de la fumée
Un vendredi pour tous les goûts le 7 mai. Côté rock, il y a les Suédois des Shout Out Louds, qui sont au Cabaret Juste pour rire avec les indie-poppeurs américains Freelance Whales. Shout Out Louds est un de ces groupes qui ne cache pas son admiration pour un autre groupe (The Cure), mais on ne lui en veut pas trop: son rock est bien tourné et il réussit mieux à actualiser l’univers de Robert Smith que Robert Smith lui-même.

Un peu plus haut, à la Sala Rossa, Mille monarques effectue sa proverbiale «rentrée montréalaise» à la Sala Rossa, en compagnie de L’Indice. Il y a eu des gros changements dans la vie de Mille monarques, dernièrement: la claviériste Annie Rousseau a levé les voiles, laissant le groupe à l’état de trio. Le groupe s’est produit en région depuis, mais ceci est son premier concert montréalais depuis la métamorphose.

Côté électro, trois grosses pointures locales font danser les robots à l’École de technologie supérieure (1100, Notre-Dame Ouest): Akufen, Stephen Beaupré et Jan Pienkowski prennent part à l’événement We are Robots, lors duquel ils doivent fournir l’accompagnement musical à une performance chorégraphique pour quatre robots industriels, sur une chorégraphie de Manon Oligny.

Dans la catégorie «aucune de ces réponses», il y a le duo psychédélique local Elfin Saddle qui s’installe au Musée d’arts contemporain, dans le cadre de la série Nocturnes. Le tandem y présente en grande première son film Wurld, une œuvre en stop-motion sur l’évolution de la race humaine, à paraître cet automne sur DVD. Il offre par la suite une prestation spéciale avec projections et musiciens additionnels (Nathan Gage de Shapes and Sizes, Nicholas Scribner de Clues et Kristina Koropecki de Mark Berube and the Patriotic Few et David Martel).

Le samedi 8 mai est une grosse journée. La musique commence tôt en après-midi puisque dans le cadre de la Marche pour la légalisation de la marijuana, le groupe américain Man Man se produit en plein air, à l’angle des rues St-Laurent et Rachel, avec Mad’moizelle Giraf, Bass Ma Boom Soundsystem et Fyah Flames. C’est gratuit, ça s’apprécie avec ou sans fumée et c’est de bien plus haut calibre que les sonorités hippies qui accompagnent généralement l’événement.

Plus tard, l’excellent sextuor country-bluegrass local Lake of Stew retrouve le public montréalais à la Sala Rossa, en compagnie de Mark Berube et de Bloodshot Bill. Bonne façon de maintenir le buzz! Alors qu’il jouait presque sur une base hebdomadaire en ville, jusqu’à l’an dernier, Lake of Stew se fait plus rare, maintenant qu’il a un album sous Dare to Care… Faut donc en profiter!

Les nostalgiques du post-punk du début des années 80 ont quant à eux rendez-vous à l’Olympia, où Public Image Ltd., alias PiL (ou: «l’autre groupe de Johnny Rotten»), ressuscite ses grooves artsy. Pas de première partie.

En fin de soirée, on va entendre la DJ britannique Mary Anne Hobbs au Blue Dog. Animatrice sur les ondes de la BBC, la demoiselle a contribué à l’essor du dubstep et de la nouvelle vague d’électro-rap instrumental qui fait présentement rage. Elle est l’invitée de la bande de Usual Suspects (Lexis, Rilly Guilty et Tronald Trump), qui officiera également aux platines. Bass chantante à l’horizon!

Humour et amour
Si l’humour et la pop sont deux choses qui vont bien ensemble par chez vous, il y a lieu de «flusher» Tout le monde en parle pour Everybody Was in the French Resistance…Now, ce dimanche 9 mai, à la Sala Rossa. Il s’agit du projet conjoint d’Eddie Argos, chanteur du combo Art Brut, et de Dyan Valdes, du groupe The Blood Arm. Le concept de leur album Farce Attacks! est intéressant: s’inspirer de classiques de la pop en partant du titre ou des paroles, pour en faire des chansons complètement différentes. Billy Jean de Jacko devient donc Billy’s Genes, Don’t Think Twice (It’s Alright) de Dylan devient donc Think Twice (It’s not Alright), et ainsi de suite. Profond.

Enfin, deux chouettes formations locales célèbrent le lancement de leur premier album, le mardi 11 mai. Séparément, s’entend. Dans le coin gauche, Le Couleur, quatuor donnant dans la pop romantique rétrofuturiste, fait ça en 5 à 7 au O Patro Vys. Pensez Gainsbourg, Stereo Total et The Dears première époque assis tous ensemble dans un bachelor pad bien blanc et rétro et vous avez une idée. Leur album s’appelle Origami et il vaut le détour.

Dans le coin droit, Royaume des morts fête ça à la Casa del Popolo vers 21h et donne quant à lui plutôt dans un indie-rock juste assez pop (mais pas trop) évoquant Wolf Parade. Son album éponyme est un peu plus cru mais tout aussi sympa. Cela dit, c’est surtout sur scène que le groupe prend tout son sens, puisqu’il compte dans ses rangs un VJ qui fait du scratch en direct au moyen d’une guitare Rock Band. Vous suivez? Moi non plus. En tout cas, pas mal pour des morts.

Un incontournable? Mary Anne Hobbs, le 8 mai au Blue Dog avec Rilly Guilty, Lexis et Tronald Trump.