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Mark Sultan: le tour du monde en beaucoup de nuits blanches

Mark Sultan, alias BBQ, c’est ce pionnier du renouveau de la scène garage mondiale dont a accouché Montréal. Des mythiques Spaceshits (connus pour leurs concerts… disons explosifs) aux Sexareenoos en passant par Mind Controls, le King Khan & BBQ Show, The Almighty Defenders (avec les Black Lips et son complice King Khan) et bientôt The  Ding Dongs (un duo avec Bloodshot Bill), c’est toute une constellation de groupes ayant repris et imposés le son garage contemporain que le musicien laisse dans son sillage depuis maintenant plus de 15 ans.

Joint à Berlin, Sultan nous apprend qu’il a quitté Montréal, loué son appart, vendu ses affaires et qu’il a l’intention de vivre en tournée pour un bon bout de temps. Et non, le tour du monde ne passe plus par ici; BBQ ne monte plus sur les scènes locales depuis longtemps. «Chaque fois que je jouais à la maison, l’ambiance était weird, et ça a souvent viré stupide et violent. Ça va un peu avec le genre de musique que je fais, mais y’a des limites quand même. Je suis né à Montréal, j’aime la ville et j’y ai plein d’amis, mais à un moment donné j’ai senti qu’il serait peut-être mieux de séparer ce que je crée de mon quotidien. Les gens avec qui tu vis, avec qui tu fais le party, c’est pas nécessairement les mieux placés pour te respecter comme artiste. Et il y a un problème avec la scène garage à Montréal; il y a plein de groupes, plein d’idées, et elle est reconnue mondialement depuis longtemps, mais les médias et l’industrie s’intéressent juste aux bands indie qui sonnent tous pareil. On traite encore les musiciens garage comme une sous-race.»

Diviser pour régner
Son nouvel album, ironiquement nommé $ pour faire allusion à la désillusion de l’artiste quant à la rentabilité de ce genre de projet, sort sur Last Gang Records (Crystal Castles, Death from Above  1979), choix surprenant. «L’idée, c’était de séparer les projets; j’ai toujours travaillé comme ça, avec des équipes différentes, pour essayer d’autres manières de faire, marquer la personnalité de chaque projet. Ces gens-là sont juste super gentils.»

Enregistré de façon artisanale et lo-fi sur un quatre-pistes («question qu’on puisse pas trop deviner de quelle époque ça sort»), le disque surprendra les fans. «Quand je joue d’autres affaires, BBQ par exemple, c’est souvent en formule one-man band. Ça limite les possibilités, ça force la créativité et j’aime le défi. Avec ce projet-là, je touche d’autres sonorités: le rock psychédélique, le country-punk, le soul… Il y a plus d’instruments et quelques invités-surprises.»

Le résultat est sale, endiablé et porté par cette énergie doo-wop unique et puissante qui a fait la renommée de Mark Sultan. Et en attendant que Montréal se rende à l’évidence de la qualité de sa scène rock garage et lâche un peu les produits dérivés de l’indie-pop fadasse, il faudra tristement faire un peu de route pour voir la bête brûler les planches.

myspace.com/marksultan