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Éthique urbaine: Relooking Municipal

Pour une fashionista montréalaise, vivre les mois de janvier et février avec glamour relève de l’exploit. Imaginez un instant Carrie Bradshaw après sa quatorzième tempête de neige consécutive, combinée à un refroidissement éolien atteignant les -48°C. Je parie qu’elle aurait l’air du criss comme nous toutes et qu’elle se serait résignée à troquer ses Manolo pour des bottes Sorel.

Remarquez que je n’ai rien contre les bottes Sorel, que je trouve seyantes à souhait, particulièrement aux sports d’hiver sous la thématique «Martine en montagne». Sauf qu’après trois mois de ce régime, «Sorel» a davantage la connotation d’un repère des Hells ou encore de notre version québécoise d’une prison sibérienne, que d’un fashion statement.

Mais il y a pire que les bottes Sorel dans la vie. En effet, malgré la créativité dont fait preuve nos designers québécois en nous offrant une panoplie de manteaux bien coupés aux couleurs et aux tissus originaux, il semble que les Montréalais, pour subir l’hiver en groupe, ont besoin d’un uniforme. Ainsi, j’entendais un touriste français en mal d’aventures nordiques à son arrivée en sol montréalais: «Ah, mais c’est marrant tous ces Canadiens qui portent des anoraks Canada Goose! Est-ce la résistance, l’armée civile ou l’uniforme des scouts?» À bien y penser, c’est vrai qu’un Montréalais sur 3, âgé de moins de 30 ans, porte le fameux Canada Goose Original!

Mais il y a encore pire. Loin de moi l’idée de vouloir bitcher sur une marque québécoise en ces temps austères, mais je n’ai pas le choix, par souci d’intégrité. Laissez-moi vous parler des manteaux Kanuk. Souvent portés par des animateurs télé-québécois, radio-canadiens ou météo-médiatisés.

Si a) on est adepte du plein air, et b) on n’a pas encore les cheveux grisonnants, passe encore. Mais pour les 40 ans et plus, la propriété principale de ces manteaux est littéralement de déprimer tous ceux qui ont à les regarder. Et d’enlever toute image de bonne santé et de teint frais aux boomers qui les portent. À un point tel, que si j’avais un costume à choisir pour illustrer l’austérité de la récession, je choisirais un gros parka Kanuk mauve avec une doublure de polar motonneux.

Vous pensez peut-être que j’exagère là, franchement, que je suis de mauvaise foi. C’est vrai, moi-même je le dis, ce n’est pas évident d’être fashion forward dans toute cette slotche. Mais si on veut bâtir un branding de Montréal comme étant une ville de créativité tel que l’idée a été lancée dernièrement, il n’y a pas que les édifices et les infrastructures à revamper, il y a aussi les Montréalais à relooker. Vivement. Ça presse!