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Éthique urbaine: Bad trip d’Alice

«Marie, chère Directrice artistique, j’ai eu tantôt une super bonne idée pour mon Éthique urbaine, c’est juste qu’il faut changer le visuel, ça fitte pu pantoute. Est pas écrite encore, la chronique, mais ça s’en vient. Vraiment. Pis là, ben, la Alice aux pays des merveilles qu’on avait imaginée, faut qu’à prenne le bord. Est ben belle, mais qu’est-ce tu veux que je te dise, j’ai beau essayer sous tous les angles de la faire fitter, chus pas capable. Pis mon nouveau sujet, ben y est écoeurant. Ma belle Martine, sais-tu quel jour on est? Je vais te le dire pareil: aujourd’hui, c’est vendredi le 9 mai, 15h10 pour être précise, on s’en va en impression lundi le 12 mai, t’as pas encore rentré ton texte, et tu voudrais que JE change le visuel sur lequel j’ai gossé pendant des heures pour te faire une forêt enchantée? Peut-être pourrais-tu garder ta super idée pour l’édition de juillet un peu d’avance dans ce mag-là, ça ferait pas de tort à personne et tu pourrais pondre un texte qui matche avec Alice? Je sais pas moi, parle de sa robe ou du gros chat qui fumait de l’opium, c’est pas mon problème, mais y me semble que l’univers de Lewis Carroll a de quoi inspirer une petite chronique mensuelle???
Aille, sois polie avec ta mère! »

Me voilà donc, à minuit moins une, pognée avec Alice. Ma première idée était de parler du concept des folies en 2008, de l’excentricité. À l’ère où tout a été fait, dit, documenté, que fait-on de wild  et d’éclaté?

D’autant plus que même si vivre un threesome en jouant au Wii sur l’ecstasy a tout de la banalité, paradoxalement, on ne peut plus mettre le bout de son nez dehors sans un SPF de 100, manger un Big Mac, s’engueuler au téléphone avec son chum dans son char à moins d’avoir les mains libres et on doit porter un casque Louis Garneau pour faire du sexe.

J’en parle à Thomas, notre chargé de tout projets, souvent bien inspiré : « Ouais, c’est bien comme sujet, c’est juste qu’il me semble que Nicolas Langelier a écrit un truc là-dessus dernièrement.»

Loin de moi l’idée de plagier l’inspiration de cet ange lié. Peut-être pourrais-je aborder le thème des loisirs? Tsé, le fait qu’il en existe 4 millions tous aussi plates les uns que les autres, et qui, lorsqu’on les pratique, font germer cette unique pensée: j’ai-tu assez hâte d’aller prendre la bière qui vient après? 

C’est parfait comme filon, sauf que ça cadre mieux avec le mois de novembre, il me semble. Le thème du mag de juin, c’est quoi déjà? Ça pourrait être un point de départ. Va jouer dehors Au moins il y a un lien avec Alice, puisqu’elle était dehors, sous un arbre, et s’est assoupie après avoir pris un cap d’acide. Tiens, c’est une idée ça, je pourrais parler des mérites de la siesta estivale, en robe d’inspiration espagnole bleue, à volants. Et je ne pense pas que quelqu’un ait écrit là-dessus avant moi. Ça ne fait malheureusement pas toute une chronique.

Peut-être le concept du pot-pourri de sujets il doit y avoir un terme pour ça dans l’univers journalistique serait de mise. Je pourrais faire comme d’autres chroniqueurs bien connus font lorsque la procrastination les a attaqués aussi férocement que moi : une séparation comme ça \\\\ après l’idée principale, ou encore comme ça ========, et en dessous, y aller d’un sujet qui n’a aucun rapport avec le précédent et qui commence généralement par un : Pour faire suite au nombreux courriels reçus suite à mon article paru Va chier, on le sait qu’y en a pas eu de courriels pis que t’étais hang-over de la veille le jour du deadline.

]Je suis dans la marde, comme on dit. Je me sens comme Patrick Huard qui n’a plus rien à bitcher dessus avec son Taxi 0-22; je file comme à la veille de la remise d’un travail de fin de session quand la Maisonnée me semblait plus attirante que la maison. Comme Stéphane Laporte qui vient d’écrire son ixième billet sur la fête des mères que je viens tout juste de lire et qui me donne le goût d’aller me recoucher. Comme Luc Plamondon qui avait promis une toune pour Céline à René, et qui remet Écris-moi des mots qui sonnent, des mots qui résonnent, en essayant de les convaincre que c’est bon et original.

«Pis Marie, qu’est-ce t’en penses, j’ai-tu assez plogué Alice? Pour ça oui, y’a pas de doute, mais c’est quoi le rapport avec Éthique urbaine? Ah ben, lâche-moé, là, crisse, ça parle d’éthique journalistique pis je l’ai écrite sur un banc public de la Ville de Montréal!»

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