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Éthique urbaine / Scorer dans le sexy

C’est officiel: je ne «sens» pas le sexe. En effet, selon les résultats du très sérieux sondage de chez On s’en crisse et on s’en contrecrisse, il semblerait que le côté sexy d’une personne n’est absolument pas proportionnel à son degré de trendiness, au penchant «indie» du designer qui a signé ses chaussures, ou encore au collagène injecté dans ses lèvres pour lui modeler une parfaite moue de truite pas de dents.

CULOTTE BAVEUSE
 «Quoi? Tu me niaises? Tous ces efforts et ces dollars dépensés pour finir sur le même pied d’égalité que le reste du monde, qui n’a pas mon standing, mon raffinement et mon bon goût? Quelle injustice, rendez-moi mon argent!» Il faut se l’avouer humblement: le but de l’opération, C’EST justement d’être la mieux, la plus bonne, la meilleure de toutes et de faire baver à la fois les filles (de jalousie) et les gars (d’envie). Pensez-vous une minute que je m’investis autant dans mon look pour me sentir bien dans ma peau, pour mon moi-même et mon accomplissement personnel? Come on!

La logique est: je veux être sexy, therefore baisable, therefore baisée. C’est pas plus compliqué que ça.

HEIDI GRIMPE ET DÉVALE

Si j’en crois mon entourage, qui me semble assez représentatif du reste de l’humanité malheureusement pour moi, être top tendance serait même un sérieux désavantage si notre but est de scorer dans le sexy. Autrement dit, on aime bien la jolie androgyne à béret portant fièrement son chemisier jaune suggérant une Heidi des temps modernes, on adore s’y coller pour faire partie de la in crowd, mais c’est pas à elle que pensent les petits membres inférieurs quand vient le temps de copuler.

Autre constatation déprimante: les filles et les gars s’entendent assez rarement sur ce qui est sexy. Il n’y a qu’à écouter des bribes de conversation dans les meetings de débriefing: «Pas elle? Miss Tacky bas nylon couleur peau, cheveux moufette à accent rouquine d’automne? Vraiment, mais vraiment pas que j’te dis. Je sais franchement pas ce que tu y trouves.» Inutile d’argumenter, en ce domaine, y’a rien à faire. Pour l’avoir essayé, on a beau insister sur le charme évident d’une autre telle, de sa beauté racée, de ses magnifiques cheveux courts lustrés à la Michelle Williams, les gars se font entre eux un air entendu, digne des vétérans de la secte de Tom Cruise, pour ensuite ajouter, d’un air faussement compatissant à notre raisonnement dolcegabbanien : «Nnnnon. À sent pas le sexe.»

BAISE MONSTRE
  Finalement, pour terminer cette recherche des plus scientifiques, je demande à la sommité, son Altesse tendre moitié, s’il me trouve sexy. De répondre, sans lever un il: «Tu le sais que t’es belle, arrête de m’achaler avec tes niaiseries du lundi soir qui te viennent après avoir écouté ton émission plate de Annie et ses hommes.» J’essaie de faire des simagrées pour attirer son attention sur ma transformation «Look alike» et qui personnifie l’ultime sexy selon mon chum: Charlize Theron. «Ayoye, qu’est-ce que c’est ça, crisse, t’as l’air d’une estie de folle!» -«T’aime pas ça? Coucou, c’est Charlize. Tu tripes dessus pourtant!» -«Pas Charlize dans Monster, maudite épaisse!»

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